Sur l’autoroute en direction de Manuel Antonio nous remarquons une multitude de lambeaux de pneus éclatés, quelques arrêts de bus, un barrage d’une dizaine de flics alignés sur l'autoroute et des trucks et bus scolaires à l’américaine. Entre deux nids de poule nous traversons des allées de manguiers succédées par des flamboyants en pleine floraison; le Costa Rica est un pays très montagneux et le flanc des montagnes s'échoue souvent en bord de mer. Il fait une chaleur intense, nous faisons une halte à Jaco, plage de sable gris où les ticos surfent des vagues pendant que les iguanes se prélassent sur le sable chaud; un oiseau jaune voyant son reflet sur le capot d’une voiture nous sort une chorégraphie improvisée. Nous nous installons dans une auberge pour routards (la seule) avec piscine et à 50 dollars la nuit ! Manuel Antonio est le parc national le plus visité du pays et les prix des hébergements alentours s’en ressentent... Après un petit déjeuner succinct nous partons en balade au parc en compagnie de Georges, guide très sympa, altruiste et généreux, croyant au karma. Georges de la jungle a l’œil tellement aiguisé que lorsqu’il repère des animaux nous sommes parfois obligées de les observer depuis son télescope pour arriver à les localiser. Nous découvrons toutes sortes de lézards dont un basilic (surnommé Jésus Christ grâce à son impressionnante faculté à courir sur l’eau), des fourmis tigres (féroces prédatrices aux piqûres redoutables), des paresseux en train de dormir suspendus par les quatre pattes à une branche d’arbre, un crabe d'un rouge et bleu intenses, de nombreuses espèces d’iguanes (noir, vert, rouge...), divers toucans, singes, faucon, chauves souris... Nous arrivons sur une belle plage bordée de cocotiers où des crétins de touristes donnent des chips à des capucins moines pour pouvoir les prendre en photo de plus près (mettant à l’occasion l’espèce en danger...). La chaleur est étouffante.
Suite à cette belle balade nous prenons la route vers le Nord Ouest; les champs de canne à sucre et les prés s’étendent à perte de vue, nous nous retrouvons dans les embouteillages d’un gros accident, une dizaine d’ambulances défile à toute allure. Après une longue journée de route nous décidons de faire une halte à Miramar pour la nuit, nous échouons dans un trou paumé au milieu des montagnes, dans un chouette bungalow entouré d’un beau jardin tropical et offrant une vue imprenable sur la côte, où nous admirons un beau coucher de soleil et savourons un apéro en compagnie d'hannetons.
Après un bon petit dèj et une bise à Gloria nous poursuivons notre route vers la côte Ouest; nous traversons le pont de l’amitié surplombant le rio Tampisque et débouchant dans le golf de Nicoya. Nous nous installons dans un hôtel à 20m de la Playa Grande où les tortues luth viennent pondre en masse et les surfeurs s’en donnent à cœur joie sur les longues gauches. Etant hors saison, nous négocions le prix de nos chambres, deux petits appartements avec kitchenette, mini salon et terrasse équipée d’un barbecue; le gérant des lieux (Javier) est un surfeur mat de peau sculpté comme un dieu, qui s’amuse à travailler son équilibre sur un câble étendu entre deux cocotiers au dessus de la piscine... Nous faisons quelques courses pour notre séjour; un troupeau de vaches au milieu de la route m’oblige à freiner net au sommet d’une butte; la région est très sèche, nous y croisons beaucoup d’iguanes traversant les routes et de grosses termitières sont accrochées aux arbres. Nous déjeunons dans un excellent resto tenu par un expat français, où j’engloutis un délicieux burrito (met mexicain) ; au retour nous nous retrouvons face à un iguane pourchassant un basilic, aveuglé par sa proie il poursuit sa course en trombe sur la route puis se met à déraper à la vue de notre voiture, le basilic en profite pour se faire la malle... Nous fêtons l’annif de Maryline dans un resto au bord de la Playa Real où elle savoure deux belles langoustes; quelques surfeurs prennent leur pied pendant que les pélicans et autres oiseaux marins pêchent. Nous faisons une virée sur la côte pour découvrir les plages du coin; les arbres en bord de route sont truffés de beaux oiseaux aux multiples couleurs, dont des geai à face blanche avec leur belle huppe, ou des motmots à sourcils bleus arborés d'une longue queue. Un groupe de copines joue au foot sur la Playa Conchal (plage aux coquillages) bordée d’arbres recouverts de mues d’insectes volants (dont certains en position de coït...) Après la Playa Flamingo, de sable gris et gorgée de bateaux, nous filons admirer un magnifique panorama sur la baie et ses îlots, puis terminons la journée par un beau coucher de soleil sur la Playa Brasilito où les pêcheurs en canoë sont de sortie. Cette journée a été l'occasion de constater que le Costa Rica a tourné le dos à ses plages, mal desservies et accessibles uniquement par des pistes en mauvais état. Notre séjour dans la péninsule de Nicoya s’achève ici, nous faisons une bise à Javier et mettons le cap sur le Rio Céleste dans la région de Guanacaste.