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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 13:30

Après un atterrissage un peu folklo, avec rebonds, vifs ballotages de gauche à droite et freinage brutal, le personnel de bord se fait allumer par un passager souffrant d’incontinence car l’avion ne se gare toujours pas bien qu’il s’arrête à deux reprises sur le tarmac. En attendant de trouver où se garer, le personnel au sol commence déjà à extraire les bagages de la soute, l’un d’entre eux ne prend même pas le temps de se retourner pour poser les valises qui font des vols planés de trois mètres au fond du véhicule... un flic, auCuba - La Havane visage grave, attend devant la soute. Arrivées aux douanes nous sommes surprises de voir mes parents, censés arriver avant nous mais bloqués sur la piste pour une raison indéterminée. C’est le gros bordel pour récupérer nos sacs, les bagages de plusieurs vols arrivent sur le même tapis, et une partie d’entre eux (reniflés par les chiens douaniers) errent tout seuls dans le hall, déposés au sol par des touristes pensant qu’il s’agissait du leur... Nous galérons à téléphoner pour réserver une casa particular (chez l’habitant), les cartes SIM sont très chères et devant les cabines téléphoniques il y a toujours la queue, un mec sympa m’offre un peu de son crédit et de son temps pour m’expliquer comment ça fonctionne... Nous grimpons dans un taxi fatigué à bord duquel nous découvrons la Place de la Révolution affichant les portraits géants du Che, de Camilo Cienfuegos (grand révolutionnaire) et Jose Marti (fondateur du Parti Révolutionnaire Cubain, considéré comme héro national par le peuple). Les belles vieilles voitures américaines (Chevrolet Bel Air ou Impala, Cadillac Eldorado, Ford Fairlane, Plymouths Deluxe...) déambulent dans les rues bordées de vieilles façades colorées et ornées de balcons en fer forgé, témoins de la période coloniale espagnole, je suis en train de réaliser un rêve... Nous nous installons dans la maison coloniale de Niosdrey, dans la vieille Havane, quartier très populaire (je découvrirai plus tard que c’est tout le pays qui est ainsi), où les jeunes jouent au baseball (sport national) dans les rues avec des bouts de bois et bouchons de bouteille), les commères s’interpellent depuis leurs balcons au milieu du linge qui sèche, ou font descendre de leur fenêtre un panier suspendu au bout d’un fil (pour faire passer quelque chose à une connaissance qui attend au pied de l’immeuble) et les pépés fument le cigare assis sur les marches des ruelles pavées. Pétante de vie derrière sa façade fatiguée, la vieille ville dégage un charme indescriptible, le pays à lui tout seul est un monde à part...

Nous sortons dîner sur une grande place animée par un groupe de musiciens (contrebasse, congas, guitare, bongos, trompette, guiro et maracas en peau) jouant des classiques cubains dont certains interprétés par Buena Vista Social Club. Le lendemain nous savourons un délicieux petit déjeuner (mangue, papaye, ananas, jus de goyave...) pendant que Niosdrey nous explique certains aspects de la vie locale. Avant, lorsqu’un cubain quittait le pays, l’Etat reprenait la maison qu’il lui avait vendue pour trois francs six sous, ce n’est que depuis le début de cette année que les cubains ont le droit de vendre ou louer leur maison. Il faut savoir que le système fidéliste est socialiste et communiste et tout appartient à l’Etat, qui ne reconnait pas la propriété privée. Jusqu’à leur majorité (16 ans : pénale et sexuelle), les enfants n’ont pas le droit de quitter le pays, et de 16 à 18 ans (majorité civile) ils ont besoin de la signature de leurs parents. De manière générale il est très compliqué pour les cubains de voyager car il leur faut une autorisation spéciale; quant à ceux qui souhaitent quitter définitivement le pays, il leur est interdit de remettre les pieds sur le territoire cubain... Niosdrey prend nos numéros de passeports, dates d’entrée dans le pays, numéros de cartes touristiques et signatures qu’il consigne dans un registre qu’il doit remettre au service de l’immigration le jour même, c’est la procédure obligatoire pour tous les cubains louant des chambres aux touristes. Internet est très limité ici, les locaux qui peuvent se le payer n’ont qu’un abonnement de trente heures par mois et par foyer, uniquement pour consulter et envoyer des mails. Sinon il y a les centres de télécommunications ou les grands hôtels, trop coûteux pour la population locale et surveillés : chaque utilisateur laisse son identité et ne doit pas « compromettre la sécurité d’Etat » ni aller contre « les lois et principes moraux du pays », des motifs suffisamment flous pour couper arbitrairement un accès à internet ou fermer un programme. Sur mon blog je mentionne « pas de news pendant un moment car internet c’est le bordel ici » afin d'expliquer à nos amis et familles notre absence de la toile, puis quelques temps après je décide d’expliquer pourquoi, au Cuba - vieille voituremoment où j’enregistre ma phrase «  pas de news pendant un moment car internet est censuré à Cuba », la page de mon blog se referme aussitôt sans être enregistrée, je me contente donc de ma première version... Au début on « insiste » malgré les difficultés rencontrées (ne serai-ce que pour consulter nos comptes ou mails) et puis quand on réalise  le prix que coûtent les cartes internet (délivrées au compte goûte par l’Etat) de 1h maximum sous présentation  du passeport (après avoir fait la queue), interdisant l’accès aux sites américains et offrant un débit extrêmement lent, on finit par lâcher l’affaire et renoncer à internet... Vous l’aurez compris, beaucoup de gens ici sont coupés du monde, entre la difficulté à sortir du pays, à utiliser internet et l’interdiction pour les locaux de disposer de chaines de télévision étrangères. Nous avions vaguement connaissance de cet isolement dans lequel vivent les cubains, mais lorsqu’on le « vit » on a peine à le croire et on se demande où est ce qu’on a atterrit...

A Cuba, plusieurs moyens de transport s’offrent au voyageur : la calèche, le vélo-taxi (triporteur à pédales pourvu d’une banquette), le coco taxi (original, il est motorisé et tout en rondeur), le gua gua (bus pour lequel il faut parfois faire une longue queue et très souvent voyager debout), le taxi collectif (vieilles berlines américaines des années 50) et le taxi officiel. Compte tenu de la mauvaise desserte et la grande difficulté à se déplacer en transports en commun hors des villes, nous décidons de louer une voiture. Nous cherchons désespérément des grandes bouteilles d’eau (difficiles à trouver), nous entrons dans une drôle de supérette : musique à fond nous déambulons dans un grand couloir avec plusieurs vitrines d’un côté exposant des produits posés en vrac. Nous galérons également à trouver une carte SIM pour pouvoir réserver les casas particulares durant notre séjour et éviter ainsi les queues interminables devant les centres de télécommunication et les cabines téléphoniques... Nous finissons par comprendre que notre seule possibilité d’acheter une carte SIM est d’ouvrir une ligne au nom d’un cubain (car interdit aux étrangers) et de payer 3 CUC (monnaie équivalent au dollar américain) de location par jour, ce qui nous reviendrai à 90 CUC ! Nous lâchons donc l’affaire et essayons de trouver un GPS car nous souhaitons parcourir toute l’île et la signalisation fait cruellement défaut à Cuba, mais là encore on se fourre le doigt dans l’œil car les GPS sont interdits ici et les ¾ des locaux vous regardent avec des yeux ronds lorsque vous leur en parlez. A Cuba, il y a la queue partout et pour n’importe quoi car tout est limité en quantité pour contrôler le peuple... Une femme dans la rue nous aborde pour nous demander d’acheter du lait pour son futur bébé, nous apprendrons plus tard qu’elle n’est pas enceinte, seule parade qu’elle a trouvé face à l’interdiction de mendier de l’argent...

Après avoir visité le Malecón (promenade en bord de mer), Prado, Capitole, théâtre national... nous finissons à la Feria de San Jose, marché artisanal où nous achetons des petits instruments de musique et où l’on trouve de très belles peintures. Nous déjeunons dans un resto sympa de la calle Obispo où nous savourons une piña colada et une langouste (pas chère à Cuba) sur un fond de salsa et rumba. La joueuse de flûte traversière se balade en musique dans le patio verdoyant où des femmes bien en chair, métisses, blancs, beaux blacks portant le panama et vieillards fumant le cigare apprécient le cadre. Après avoir pondu un circuit à l’arrache, nous prenons la route pour Morón, vers le centre côté Atlantique. Cuba - transport en communSur l’autoroute nous sommes effarées de voir le nombre de locaux (y compris les flics et les militaires !) faire du stop, sport national et moyen de transport très répandu car les transport en commun cubains sont un réel problème. Les bus sont blindés et les voitures trop chères, il n’est donc pas rare de croiser des bennes de camions ou de tracteurs bondées de gens entassés comme du bétail. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises... toujours sur l’autoroute nous croisons de tout : des carrioles à cheval à contre sens, des vélos sans freins, des tracteurs, des sidecars et des vendeurs d’oignons, fromage ou autre produit. Autostoppeurs et vendeurs ont une aisance déconcertante à se placer sur l’autoroute (voie de droite pour les autostoppeurs et souvent voie de gauche pour les vendeurs), il convient donc de rouler au milieu, si l’état de la route le permet... De façon tout à fait légale, un véhicule de la voie opposée peut traverser votre voie pour prendre une sortie se situant de votre côté (ici ils n’ont pas ou peu de sorties d’autoroutes situées sur la droite comme en France). Nous voyons pas mal de morceaux de pneus éclatés sur le bord de l’autoroute et évitons tant bien que mal les nids de poule aux allures de nid d’autruches... Malgré son étrange fonctionnement parfois un peu déroutant, il me tarde de découvrir ce pays qui me fait tant rêver...              

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