SRI LANKA : Colombo / Anuradhapura / Sigiriya

Nous prenons un vol pour le Sri Lanka au Sud de l'Inde, encore une fois Maryline fait passer sa bouteille d’eau malgré tous les contrôles de sécurité à l’aéroport de Manille, tandis que le voyageur juste derrière elle se la voit retirer du sac... A bord de l’avion j’ai un moment de stress, je cherche comme une folle mes lunettes de vue qui, j’imagine à cause des fortes turbulences, ont atterri sous le siège de la passagère située derrière moi... Arrivées à l’aéroport de Kuala Lumpur en Malaisie nous prenons l’aérotrain pour rejoindre le hall des départs, assez chic et équipé de stations internet avec des petits ordinateurs portables à écran tactile mis gratuitement à disposition des voyageurs. En faisant le tour des restos, un panneau « jungle boardwalk » attire notre attention, curieuses, nous poussons la porte et découvrons une petite jungle à ciel ouvert, chaude et humide, plantée en plein milieu de l’aéroport classe et climatisé... Après un dîner hors de prix, nous passons le temps en organisant notre circuit au Sri Lanka, les femmes que nous croisons portent le voile. Nous atterrissons en pleine nuit à Colombo, capitale du Sri Lanka, arrivées aux douanes nous nous faisons refouler car depuis le 1^er janvier de cette année le visa est devenu obligatoire; information absolument pas diffusée par les compagnies aériennes lors de l’enregistrement, compte tenu du nombre de touristes qui comme nous se font refouler... Une fois les visas en poche, la carte SIM achetée et l’argent retiré, nous cherchons un taxi pour le centre ville, un mec sorti de nulle part nous propose ses services, nous refusons et partons nous renseigner plus loin, nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait d’un faux taxi... En route nous faisons une halte dans une petite boutique pour acheter de l’eau, le vendeur essai de nous arnaquer en voulant nous vendre les 2 bouteilles à 1100 roupies au lieu de 100 ! Bienvenue au Sri Lanka... L’hôtel que nous avons réservé sur internet dépasse volontairement notre budget car notre arrivée dans un pays inconnu est tardive et n’ayant pas pratiqué l’hôtellerie locale, nous ne voulons pas de mauvaises surprises. Nous découvrons un endroit sombre et glauque où les couloirs puent la paille d’hamster imbibée de pipi et inchangée depuis deux ans, les murs partent en lambeaux, les vitres des portes donnant sur l’extérieur sont cassées, les "lustres" vétustes sont envahis de nids d’oiseaux et une assiette avec de la bouffe d’il y a trois jours traine par terre... Il est 2h du mat, les rues sont désertes, nous n'avons aucun repère dans la ville et nous redoutons le pire... lorsque le gardien de nuit ouvre notre porte nous découvrons à notre grande surprise une suite (chambre + salon) nickelle avec un lit King size (le plus grand lit que peut offrir l'hôtellerie). Il parait clair qu’au Sri Lanka l’habit ne fait pas le moine...

Le lendemain, après nous être faite arnaquer par un tuk tuk, nous prenons un bus pour Anuradhapura vers le Nord, nous mettons un moment avant de trouver le bon bus car aucun comptoir n’est visible et les rabatteurs crient dans tous les sens. Nous découvrons les joies de la conduite Sri Lankaise, la plus ahurissante que j’ai pu observer dans la trentaine de pays visités... Le but du "jeu" est de freiner le moins possible, peu importe l’obstacle devant, et c’est au plus gros véhicule qui s’impose... La campagne de prévention routière est d’ailleurs un peu "hard" : nous remarquons sur le bord de la route des panneaux affichant des photos de bus accidentés en bouillie ou camionnettes coupées en deux... Notre chauffeur double une longue file de véhicules serrés les uns aux autres dans un virage sans aucune visibilité, jusqu’au moment où nous nous retrouvons face à un camion lui même en train de doubler un tuk tuk... Notre chauffeur et celui du camion se mettent à klaxonner comme des malades pour obliger les tuk tuk qu’ils doublent respectivement à se déporter sur le bas côté, si bien qu’on se retrouve à quatre sur une deux voies ! Et jusque là tout est normal... Alors quand on doit se déplacer on en vient à se demander « hummm... le bus ou le tuk tuk ? », l’idéal étant le train mais le réseau ne couvre qu’une partie du pays. Sur la route nous croisons des camions chargés de cocos en morceaux, un pêcheur dégageant de son filet le poisson fraichement pêché et étalé à même la route, ainsi que des tombes disséminées un peu n’importe où (à croire qu’il existe ici comme au Vietnam le culte des ancêtres, consistant entre autres à les enterrer sur les terres familiales). La musique dans notre bus ressemble tantôt à du sega, tantôt à de la musique indienne avec tablas, sitar, flûtes, violon...) Physiquement les sri lankais ont le type indien, avec ce teint de peau très particulier (noir-gris), pas mal d’hommes portent le sarong (tissu enroulé autour de la taille) et certaines femmes le sari; la majorité (70%) de la population est bouddhiste, 15% hindouiste, 9% musulmane et 6% chrétienne. Ici, à part à l’école, les hommes sont d’un côté et les femmes de l’autre (ils ne trainent pas ensemble); il n’y a qu’une seule boite de nuit dans le pays (à la capitale) et les rares bars qui existent (à part dans les stations balnéaires touristiques) sont réservés aux hommes, l’alcool étant assez contrôlé dans le pays et passible d’emprisonnement pour les femmes locales. L’homosexualité est interdite et dans la vie publique ce sont les hommes qui "assurent" la conversation pendant que les femmes restent discrètes... Quant aux couples, les mariages sont souvent arrangés, l’horoscope, la caste et l’approbation parentale étant des facteurs importants. A la sortie de Colombo nous apercevons quelques maisons containers; plusieurs grandes statues de Bouddha en posture de méditation jalonnent le pays. La culture sur brûlis est largement pratiquée ici; des agriculteurs chargent les charrettes de fagots de riz pendant que les machines à égrainer le riz recrachent ce dernier à un rythme soutenu. Le soleil couchant inonde les rizières jaunes parsemées de bœufs et hérons blancs, avec pour toile de fond de belles montagnes et gros rochers de granit. C’est bientôt la saison des mangues, les arbres sont chargés de fruits verts; d’énormes chauves souris sont suspendues aux fils électriques.

Nous partons visiter les ruines d’Anuradhapura, site archéologique sans grand intérêt... A peine parties, notre chauffeur de tuk tuk nous propose de payer moitié moins cher les entrées, une combine qu’il arrange avec quelques gardiens du site qui s’empochent directement l’argent partagé avec le tuk tuk, au lieu que tout revienne au gouvernement... Depuis la fin de la guerre civile qui aura duré 25 ans, les prix ont flambés, nous devons multiplier par deux les prix affichés dans la dernière édition du guide de voyage Lonely Planet... Au temple troglodytique d’Isurumuniya Vihara nous apercevons des écureuils gambader dans tous les sens, des singes noirs à tête blanche manger des tamarins tout juste cueillis dans les arbres, et des chauves souris bruyantes nichées par centaines dans un enfoncement rocheux. Un nid d’oiseau est accroché je ne sais trop comment sous un énorme rocher dans une salle renfermant des statues kitsch et un grand Bouddha allongé coloré. Nous nous rendons au Sri Maha Bodhi, un arbre sacré vieux de 2000 ans ; moi qui pensais trouver un arbre "monstrueux", je suis déçue en découvrant sa silhouette rachitique... Une fleur de lotus blanc et une petite bougie nous sont remises en offrande à Bouddha, les chants religieux et la foule de fidèles agenouillés rythment la visite. Nous sommes pieds nus (c’est obligatoire) et le béton est brûlant ; aux endroits où la terre devient rouge le sol regorge de cristal de roche brut. Au retour un mainate perché dans son arbre nous fait un drôle de show ; après avoir enchainé quelques tas de ruines moches, fatigués et décevants nous écourtons la visite. Nous déjeunons dans un petit resto local où les gens (peu habitués à voir des blancs dans le coin) nous regardent comme des extra-terrestres; au Sri Lanka ils mangent tous avec les doigts. Le contact qu’on a avec les locaux nous refroidit un peu, ceux qu’on rencontre (l’esprit assez vénal), essaient souvent de nous arnaquer et on finit naturellement par être sur ses gardes, ce qui est relativement dommage... La communication n’est pas facile, ils ne comprennent pas toujours notre anglais et avec leur accent particulier nous comprenons difficilement le leur...

Après un réveil matinal sur fond sonore de chants d’oiseaux et cris de singes nous partons en direction de Sigiriya, toujours dans la région des cités anciennes. Sur la route nous apprécions un beau lever de soleil sur un lac parsemé de lotus blanc, et entouré de forêt nappée d’une fine couche de brume nous laissant entrevoir les montagnes au loin. Les écoliers, dans leur tenue blanche et cravate pour les filles, attendent le bus scolaire pendant que les militaires en rang d’oignons sont en plein exercice. Les bœufs ont autant leur place sur la route que les véhicules; les aigrettes, posées sur leur dos, épouillent leur peau. Nous nous arrêtons à un passage à niveau manuel pour laisser passer un train à charbon, certaines cases dans le coin sont en torchis et les cocos sont tout petits, couleur orangé et se coupent facilement. Dans un petit village des marmailles jouent au cricket (sport national hérité des anglais) dans la poussière; de grosses termitières sont disséminées ça et là dans la nature et le lotus pousse comme de la mauvaise herbe. Après avoir traversé les jardins royaux, sous un soleil de plomb nous grimpons le rocher de Sigiriya haut de 370m. Nous empruntons un petit escalier en colimaçon d’où la vue est vertigineuse, jusqu’à une petite cavité renfermant de belles peintures rupestres représentant des asparas (déesses) aux seins généreux. Juste avant l’ascension finale nous passons devant deux énormes pattes de lion, restes d’un gigantesque lion en brique assis contre cette extrémité du rocher et abritant un escalier qui autrefois passait entre ses pattes et entrait dans sa gueule. Le sommet parsemé de ruines offre un beau panorama sur les lacs, forêts et montagnes alentours. Nous déjeunons dans un resto local où la serveuse nous assure que nos plats sont à peine épicés... Ne jamais croire un sri lankais qui vous dit qu’un plat n’est pas ou peu épicé...

Comments

[Annie]

Salut

J'ai du mal à lire votre recit d'un trait car je suis sans arret sollicité par mes Puces qui ont besoin de me voir avec elles , mais je parts en tgv tout à l'heure pour les ramener et je pourais
relire toute votre prose
qui est toujours aussi passionnante , j'ai l'impression être avec vous dans un coin de votre sac ( un gros coin !!!!!)
Continuez bien votre route à bientôt
Annie

[Regard'ailleurs]

Ah ben voilà pourquoi il est lourd mon sac Bon ben accroche toi alors, on t'emmène en Amérique !