Nous voilà parties, Maryline et moi, pour quelques mois de vadrouille en Asie... Comme d’hab, à l’aéroport (du moins concernant les Lavilgrand), nos noms sont appelés au micro afin d’embarquer les deux dernières passagères du vol... (et ce malgré l’avance que nous avions). A bord, nous faisons tant bien que mal du pied à Morphée afin d’essayer de dormir un peu durant notre long voyage. Les hôtesses de l’air, comprenant notre "détresse", nous servent de généreux whisky (deux tiers du verre), qui nous fatiguent suffisamment pour comater sans parvenir à dormir pour autant... Pensant être une ingénieuse idée (toujours au service de Morphée...), nous conservons notre vin de l’avion pour mieux faire passer notre escale à Muscat (Oman), où nous avions oublié que l’alcool est interdit... Nous voilà donc entrain de le boire cul sec, planquées dans les toilettes de l’aéroport afin de ne pas avoir à le jeter aux douanes, car il faut savoir que nous détestons gaspiller...
Après 23h de voyage et une nuit blanche malgré tous nos efforts, nous arrivons enfin à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande, puis embrayons sur un dodo mérité de 15h... Nous avons quitté la France en 2011, pour arriver en Thaïlande en 2554 ! selon le calendrier bouddhique. Nous atterrissons dans une guesthouse stylé, entièrement faite de teck, où le proprio nous explique que les katoeys (travestis), à notre grande surprise, passent bien partout, même habillés en femmes lors d’un entretien d’embauche ! Cette "tolérance" vient d'un des différents karmas que reconnait le bouddhisme (religion de 96% des thaïlandais) : tout homme trop avide de femmes, et donc s'éloignant de l'enseignement de Bouddha (principe de détachement...), se voit réincarné dans sa vie suivante, en femme dans le corps d'un homme (katoey).
Les thaïlandais, dotés d’une grande pudeur, ont un sens aigu des conventions sociales et de la politesse. L’écriture thaïe ressemble à des nouilles faisant l’amour... La grammaire est rudimentaire : pas de genre, pas d’article, pas de pluriel, pas de conjugaison (avis aux jeunes écoliers fatigués par la complexité de la langue française...). Ce qui fait qu’un nom peut aussi bien servir d’adjectif, de verbe, d’adverbe ou de nom. Mais l’inconvénient ce sont les tons (cinq en tout) : les mots changent de sens en fonction du ton employé. Un même mot peut donc avoir cinq significations différentes pour une même écriture : « Mai, mai mai mai mai ? » signifie ainsi « Le bois vert ne brûle pas, n’est ce pas ? » Ben oui !!!! Une fois arrivées au Vietnam, par précaution, (certains touristes étrangers en ont fait l'amère expérience), je prendrai le temps de vous expliquer rapidos comment le gouvernement fonctionne (...) Un soir, à l’heure fatidique, nous nous retrouvons coincées dans notre bungalow, la poignée à la main; devant user de notre couteau de poche pour réussir à aller boire l’apéro (question de survie...) Le lendemain nous cherchons une auberge moins chère, repérée dans la rue. Après une dizaine de minutes de marche, nous nous retrouvons face à une jeune fille adorable qui nous fait signe de la suivre. Nous grimpons à trois sur sa moto et faisons demi-tour pour revenir au point de départ : notre hôtel ! dont le propriétaire est le même que l’auberge où nous nous rendions... Quels boulets...
Depuis notre arrivée nous sommes à l’affût d’informations pour savoir comment et dans quelles conditions se déroulera la suite de notre voyage... On voit des images télé quotidiennes, encore désolantes, des grosses inondations en cours, mais impossible de savoir d’où il s’agit... (l’Occident s’en fout... et nous on comprend pas le thaï !) Certains rentrent chez eux à même un radeau de fortune fait de bidons vides, et d’autres dans des baignoires en plastique pour enfant (branches de palmier en guise de pagaie...), pendant que les nouveaux nés sont évacués en urgence de l’hôpital par hélicoptère... Pour ceux qui ne le savent pas encore, depuis le mois de Juillet la Thaïlande est frappée par des inondations dévastatrices qui ont touché un tiers du pays, provoquant la mort de plus de 500 personnes (noyées ou électrocutées) et affectant plus de 8 millions d'habitants. Cette catastrophe naturelle, causée par une mousson d’une force exceptionnelle, a touché 30 provinces du pays et engendré la fermeture de milliers d’entreprises ainsi que l’arrêt des activités économiques dans un tiers du territoire, et le grenier à riz du pays a été en partie ruiné. On estime à un million de personnes le nombre d'habitants qui ont préféré fuir Bangkok, et plus de 700 000 personnes soignées pour des maladies liées aux crues. Du coup, les bus et avions à destination de provinces épargnées ont été pris d'assaut...
En attendant plus de news, nous partons visiter les ateliers artisanaux (fabrication du fil de soie, de parapluies en papier, de bijoux, travail de pierres précieuses, sculpture sur teck, tissage...) des villages alentours. Enrichissant et agréable moment passé en présence d'un guide-musicien, et humoriste malgré lui... avec qui nous avons partagé quelques notes et éclats de rires... Demain, après un bon apéro de retrouvailles (nos amies montpelliéraines venant se joindre à nous), nous gouterons aux joies d’un délicieux massage intégral... Bon, j’ai conscience que nous avons l’air comme ça, de pas mal picoler mais on gère le décalage horaire comme on peut... Rassurez-vous, nous aurons l’air un peu plus "normales" dans le prochain épisode...