Nous partons pour Sorata, pays du trekking, à bord d'un mini bus. Le chauffeur s'arrête à plusieurs reprises pour vérifier si les sacs à dos sont toujours sur le toit (retenus par une simple corde), un sac de patates manque de dégringoler sur la route... Les transports boliviens ressemblent à ceux de Madagascar : le maximum de gens entassés dans le minimum d'espace, debouts et courbés sur le voisin, allongés sur le toit... Sorata est un mignon petit bled niché au fond d'une vallée verdoyante entourée de beaux sommets enneigés où il fait bon flâner. Après un agréable petit dèj sur la terrasse de l'auberge et son magnifique panorama, nous partons nous balader et pique-niquer dans les environs.
Le lendemain nous partons à Copacabana, sympathique petite ville posée sur les rives du lac Titicaca (plus haut lac navigable au monde, situé à 3800 m d'altitude et s'étendant sur une superficie de plus de 8000 km²), très tranquille avec beaucoup de marmailles et peu de voitures. Nous visitons la colline Horca del Inca parsemée de vestiges incas, puis nous grimpons au sommet d'un mirador d'où nous jouissons d'un superbe panorama sur le lac et la ville. Nous apprécions la douceur de vivre sur un ponton du port, à faire de la musique avec des argentins et admirer le soleil couchant. Nous finissons dans un bar-billard pour une excellente et mémorable soirée avec des argentins, brésiliens, chiliens, péruviens, boliviens et colombiens. Le lendemain (encore vaseux après 2h de sommeil et...), nous partons en bateau en compagnie de nos vapeurs d'alcool sur l'île du Soleil où nous visitons des ruines incas; arrivés au sommet de l'île nous nous retrouvons en plein cœur d'une mini tornade, drôle d'expérience... Deux jours après nous rentrons sur Copacabana, le soir au restaurant, nous nous retrouvons en plein tournage d'émission sur le tourisme en Bolivie, nous passons à la télé aujourd'hui (pour les curieux, l'émission est diffusée à l'international sur je ne sais trop quelle chaine, ça vous avance bien n'est ce pas...)
Le lendemain nous prenons la route pour Puno au Pérou (adíos Bolivia !), grande ville relativement moche située au bord du lac Titicaca (le lac est à 40% bolivien et 60% péruvien). Nous y prenons un bateau pour nous rendre aux îles Uros : îles flottantes d'environ 100 m², faites d'une couche de roseaux de 3m d'épaisseur, avec une base immergée formée de racines emmêlées et ressemblant à de la terre. Les îles sont fixées à l'aide de 4 poteaux d'eucalyptus plantés au fond du lac et reliés entre eux par des cordes (!!!) Sur ces îles tout est fait de roseaux : les cases, les huttes, les meubles, les barques... et les habitants boivent l'eau du lac. Au moment d'embarquer, la quinzaine d'habitants indiens se met en rangée sur la rive pour nous chanter une chanson d'adieu en aymara (langue vernaculaire). Une d'entre eux nous crie "on se reverra peut-être en Bolivie !" car l'inconvénient d'une île flottante est qu'elle peut dériver...
Nous poursuivons jusqu'à la très sauvage île Amantani où notre famille d'accueil nous attend, il n'y a ni électricité ni douches, la cuisine et la cuisinière sont entièrement fait de terre et de paille, et les toilettes sont situées dans la cour, avec un grand bidon d'eau et un seau en guise de chasse (vous l'avez compris, c'est roots...) Nous épluchons les patates avec la mama, la abuela et le papa, et buvons l'apéro en essayant d'échanger quelques mots (la quasi totalité des habitants ne parle que Quechua), puis nous mangeons des mets locaux à la lueur d'une bougie. Le soir une petite fête est organisée pour les visiteurs, avec musiciens, danses folkloriques et habits traditionnels.
Le lendemain nous partons pour l'île Taquille, après 3h de marche nous nous posons dans une petite piaule, sur le trajet nous nous faisons courser par une vache folle et rebelle, nous obligeant à courir pour nous écarter de son passage... Taquille fait 7 km de long, il n'y a pas une voiture et les habitants vivent en autarcie et de façon communautaire, refusant ainsi de sacrifier leur environnement au progrès... Le soir nous sommes invités à un mariage péruvien, les mariés très joliment habillés nous accueillent : le mari, doté d'une certaine prestance, nous offre à chacun une poignée de feuilles de coca et la mariée nous tend un bouchon d'alcool arrache gueule pour nous souhaiter la bienvenue. Comme la coutume le veut, nous leur donnons chacun 10 soles pour la participation, que le mari épingle à son élégant costume traditionnel. La piste de danse est en plein air à même la terre; nous sommes à 3950m d'altitude et il fait 5º... Sur un espace de 8m sur 6, hommes et femmes, complètement pétés après trois jours de festivités, dansent en tenue traditionnelle sur une cassette qui tourne en boucle... Un homme saoul demande à Julien ma main. Dans certaines contrées du Pérou les mariages durent cinq jours, on comprend alors aisément l'état lamentable dans lequel les invités se trouvent au bout du 3ème jour... L'endroit où nous dormons n'a pas d'eau courante et le confort est très sommaire, Mathias croit avoir une hallucination en voyant le plafond bouger... il est en réalité fait d'une grande toile blanche; je comprends vite pourquoi quatre couvertures sont posées sur chaque lit... Aujourd'hui nous reprenons le bateau pour rentrer à Puno, et demain nous filons à Cuzco retrouver mes parents Jean-Pierre et Lyliane.