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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 16:43

Sur la route pour Phnom Penh nous croisons des villages roots avec des petites cases sur pilotis, faites en feuilles de cocotier, bois ou tôles colorées. La journée, sous le plancher des cases c'est la pièce à vivre, les familles s'y retrouvent autour d'une table pour le repas, ou allongées dans des hamacs pour la sieste. Elles y stockent également leurs motos, charrettes et provisions de riz. Les zébus sont attroupés autour de leur mangeoire pendant que les buffles se rafraichissent dans les nombreux bras du Mékong. Ici nous croisons plus d'asiatiques noirs et nous retrouvons une gestuelle respectueuse et une écriture en forme de nouilles, dérivée du sanscrit.Cambodge - Grand Palais (Phnom Penh)

Arrivées à Phnom Penh, capitale du Cambodge, nous atterrissons dans un hôtel paumé où le personnel ne parle pas un mot d'anglais... assez funky pour clore cette longue journée de transport... Nous tentons de lui demander où nous pouvons trouver une carte SIM, il nous hèle un tuk tuk qui lui non plus ne parle pas anglais. Nous voilà dans une boutique avec notre chauffeur qui s'adresse à nous uniquement en khmer, et qui est mort de rire en nous voyant galérer... De retour à notre hôtel nous partons à pieds à la recherche d'un resto, en vain... Nous finissons par appeler un contact filé par mes parents, un adorable chauffeur de tuk tuk. Notre rencontre avec Kao illumine notre soirée, gentil comme tout, calme et doux, ce petit bout d'homme, des expressions d'enfant souvent collées au visage, a vraiment la main sur le cœur... Nous dînons dans un chouette resto thaï qui nous fait vivre un flashback culinaire fort agréable. L'ambassade des Philippines étant fermée pour quelques jours, nous décidons de changer d'hôtel afin de nous rapprocher du centre. Nous faisons quelques courses pour le réveillon et des repérages de bars proposant des happy hours et concerts; sur la route nous croisons des moines bouddhistes pieds nus habillés de leur kesa et leur parapluie jaune bombé, entrain d'effectuer leur tournée de recueil d'aumônes. Ici la circulation est aussi free style qu'au Vietnam, mais avec l'agressivité et les klaxons incessants en moins... Quant au chargement des motos et vélos, le Cambodge concurrence de loin le Vietnam, nous laissant parfois bouche bée... Nous dépassons une voiture cinq places avec une vingtaine de passagers à son bord... je suis tellement sidérée que je ne prends même pas le temps de dégainer mon appareil photo pour réaliser le cliché collector. Nous voyons une moto (dont la scelle a été rallongée quasi jusqu'au guidon) transportant sept matelas, son conducteur, le corps crispé et les coudes en arrière, est à peine assis et son ventre coincé contre le guidon... Dans une côte, une autre moto n'arrive plus à avancer tellement qu'elle est chargée, le conducteur la fait avancer à l'aide de ses pieds pendant qu'un autre homme à l'arrière la pousse.

Nous recevons un coup de fil de Kao qui nous invite à dîner avec lui et sa sœur (Da) pour fêter la nouvelle année. Ravies, nous montons à bord de son tuk tuk et atterrissons dans un resto local où il n'y a pas un touriste à l'horizon, que des cambodgiens. Il commande un plat commun composé de "roszébu" (rosbeef local à base de zébu) et de nouilles et légumes nageant dans une marmite en terre cuite. Pas toujours facile de nous comprendre, nous parvenons tout de même à échanger quelques expressions françaises et khmères dans une Cambodge - Reflets de Phnom Penhambiance très joviale. Da, un brin moqueuse et  ne parlant pas un mot d'anglais, ne manque pas une occasion pour se payer notre tête lorsqu'un de nous trois peine à se faire comprendre... Kao, bourré d'humour, nous propose de tremper notre "roszébu" dans une espèce de sauce verdâtre sentant le vomi et dont les cambodgiens raffolent, sans grande conviction je m'exécute une fois, pas deux... Pendant que Da nous propose un genre d'anguille, un gamin entre dans le restaurant avec un plateau chargé de serpents orange, larves, sauterelles et autres bestioles cuites. Kao achète un sachet rempli de larves de je ne sais quoi et, tout content de lui, nous propose d'en goûter... Voyant nos visages grimaçants il essaie de nous rassurer en nous affirmant que c'est bon, bien que sa sœur refuse catégoriquement d'en manger. Nous finissons par nous laisser tenter en nous disant que c'est une expérience culturelle comme une autre... De texture granuleuse avec un goût légèrement salé, c'est ni bon ni dégueulasse, juste pas terrible; je préfère de loin les larves de guêpes grillées de la Réunion... Kao, fier de nous, nous dit "au Cambodge tout se mange !". Lui et sa femme ont une petite maison à 150 kms de Phnom Penh, où il travaille et vit le temps de rembourser sa maison. Du coup il ne voit sa femme et ses enfants qu'une fois par mois, il a dû quitter son village il y a quelques années car les visiteurs contribuant à faire tourner sa boutique se faisaient de plus en plus rares. Tout content de lui, il nous montre le livre d'anglais pour enfants qu'il vient de s'acheter. Il a appris l'anglais tout seul et souhaite que ses enfants l'apprennent dès leur plus jeune âge, conscient que c'est un atout non négligeable. Kao suscite toute notre admiration et notre respect... Quelques éclats de rire et pichets de bière plus tard nous nous quittons, nous avons passé une délicieuse soirée chargée d'intenses partages culturels. Maryline et moi finissons au whisky sur le quai du fleuve Tonlé Sap pour le feu d'artifice de la nouvelle année, en scrutant le ciel nous partageons une petite pensée pour nos familles et amis.

Le lendemain, encore vaseuses, nous partons déjeuner dans un petit resto familial sympa, sur le trottoir d'en face nous voyons un jeune homme aux fringues pourries et à la peau sale, en train de sniffer de la colle dans un sachet. Le Cambodge est plus pauvre que la Thaïlande et le Vietnam, il y a beaucoup plus de mendiants dans les rues et les enfants travaillent très (trop) jeunes (3-4 ans). Les cambodgiens sont fans de palourdes, nous voyons beaucoup de vendeurs avec leurs étals mobiles. Au Cambodge il n'est pas rare de croiser des motos transportant cinq personnes; ici la devise est " Nation, Religion, Roi ". Nous partons au temple Wat Phnom, sur la route nous apercevons des zébus enfilés sur les broches tournantes de géantes rôtissoires. Kao fait le tour du Wat Phnom pour nous permettre de passer gratuitement par une entrée qui échappe à l'œil des gardiens... Arrivées au temple, une ribambelle de marmailles nous aborde pour nous quémander de l'argent, nous sortons quelques ballons et commençons à les gonfler, les Cambodge - Grand Palais (Phnom Penh)enfants deviennent fous et se jettent tous sur nous. Dans des éclats de rire, chacun se met à lancer son ballon en courant partout, nous poursuivons notre visite le sourire aux lèvres... Nous enchainons ensuite par le marché central de Psaar Thmay, lieu d'échange le plus important de la ville où l'on trouve de tout : des fleurs aux bagues couvertes de diamants, en passant par des foulards khmers et insectes grillés. Après un déjeuner immonde et écourté nous terminons notre journée au National Museum, magnifique bâtiment rouge construit par les français en 1920 dans le respect de l'architecture khmère traditionnelle. La plupart des pièces entreposées provient d'Angkor, nous trouvons des Bouddhas à 25 têtes et 16 bras, des pipes en ivoire, métiers à tisser, armes, objets rituels et ustensiles d'époque (VIe-XIVe siècle).

Nous prenons la route pour Sihanoukville, unique port du pays et station balnéaire; sur la route nous apercevons des bars bondés de hamacs, aucune chaise ni table à l'horizon. Ici le lotus pousse presque comme de la mauvaise herbe, on en trouve dans de nombreuses étendues d'eau. Plus nous descendons vers le sud, plus le paysage devient vallonné et la terre rouge; les champs de longanis s'étendent à perte de vue et les flamboyants commencent à peine à fleurir. Dans le bus nous profitons de nombreux éclats de rire de locaux, très bon public de films burlesques. Dans certains hôtels de Sihanoukville sont affichées des pancartes interdisant les touristes de ramener des locaux mineurs dans leur chambre; l'association Child Safe communique un numéro de téléphone à joindre si l'on voit un enfant en proie au tourisme sexuel. Au Cambodge beaucoup de touristes mâles (tous âges confondus) sont accompagnés d'une jeune cambodgienne. Au coucher de soleil sur la plage de Serendipity, nous sirotons un jus de mangue affalées face à la mer dans de larges fauteuils en rotin, court instant de tranquillité perturbé par un défilé de mendiants et d'estropiés par les mines antipersonnel héritées de la guerre. Le Cambodge figure au palmarès des pays possédant le plus d'engins explosifs sur leur territoire. Héritage empoisonné de la guerre du Vietnam et des guerres civiles, il en resterai encore pas loin de 7 millions non explosés à ce jour... Nous passons quelques jours à nous reposer (intoxication alimentaire au Chang Mai style à Phnom Penh) et à nous balader sur les plages alentours.

Nous partons en tuk tuk à Otres beach, plage encore paisible située après un petit village de pêcheur, où il faut emprunter une piste pourrie pour y accéder. Belle plage de sable blanc jalonnée de cocotiers, palmiers, paillottes et transats en bois, nous y savourons un délicieux mango shake et un bon petit bain. Sur la plage des masseuses et vendeuses de langoustes grillées (équipées d'une grille et un foyer posés sur un des paniers de leur palanche) abordent les touristes. Nous finissons cette journée par un magnifique coucher de soleil sur Independance beach, en marchant sur le sable nous remarquons quelques cadavres de poissons et de coquillages monovalve. Au retour nous demandons à notre tuk tuk si cette plage est polluée, il nous répond "non", ce sur quoi je rétorque "ah bon ? pCambodge - Independance beach (Sihanoukville)arce que j'ai vu des cadavres de poissons", et avec un grand sourire il me répond "yeaaah, it's nice !" (autant dire qu'il n'a pas compris un piètre mot de ce que je lui ai dit...) Le soir la plage de notre hôtel est très animée : musique et loupiotes dans tous les bars qui se succèdent les uns aux autres, et terrasses blindées de monde. Après une semaine de farniente, nous repartons pour Phnom Penh, nous récupérons nos passeports à l’ambassade des Philippines et visitons le Grand Palais, bel ensemble architectural de style traditionnel khmer, disséminé au milieu de diverses cours fleuries sur une superficie équivalente à plusieurs pâtés de maison. Après un chouette petit déjeuner qui a été l’occasion d’en savoir un peu plus sur lui, nous faisons nos adieux à Kao, nous récupérons ses coordonnées et le serrons fort dans nos bras, c’est vraiment une très belle rencontre...

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commentaires

L
Tout plein de chaleur humaine dans ton récit Mey. Effectivement, c'est une très belle rencontre avec Kao (et sa femme). Ca donne envie d'y être. Et puis alors on s'imagine bien sur la plage, au<br /> coucher de soleil, à flâner sur un transat, avec des masseuses et langoustes grillées ! Oh la la, trop le pied ! (enfin juste avant le passage avec les cadavres de poisson!)<br /> Effectivement, la population Cambodgienne a l'air très gentille et accueillante comparé au Vietnam.<br /> Dis donc, chapeau de prendre le temps de nous raconter de façon si détaillée votre voyage (vos rencontres, découvertes, visites et aventures). Tu vas me dire, avec la semaine de farniente cause<br /> intoxication alimentaire, t'as dû avoir le temps. Ce n'est pas plus mal de vous être posées un peu au milieu de ce long voyage. N'empêche, soyez prudentes et faites gaffe de ne pas chopper de m...<br /> .<br /> Gros Bisous à toutes les deux de nous quatre. Hâte de vous lire encore, et je mentirai si je ne disais pas "hâte de vous voir" (même si je vous souhaite d'en profiter au maximum jusqu'au bout,<br /> comme vous le faîtes déjà). TOUT PLEIN DE BISOUS !!! Lolita.
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R
<br /> <br /> Merci lolita, on est effectivement bien mieux ici... Et on prend volontairement notre temps... pour faire une pause au "milieu" du voyage, car dans les prochains pays on a pas mal de choses à<br /> voir... Besitos a toda la familia.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Enfin !!<br /> Je me demandais ou vous étiez passées!!!! . Le voyage vous permet de découvrir des gens attachants et il est dommage de savoir qu'on ne les reverra pas mais il est évident que c'est difficile de<br /> garder un contact .<br /> Je pense que c'est un pays qui doit être encore plus pauvre que ce que vous avez vu , ayant beaucoup souffert de la guerre<br /> Ca ne doit pas être facile pour eux de se relever mais peut-être que leur mentalité les aides .<br /> Continuez bien votre ballade bisous à bientôt<br /> Annie
Répondre
R
<br /> <br /> Ne t'inquiètes pas ninou, on est là... toujours on the road =) Connexions internet un peu aléatoires et il faut savoir se faire désirer ... Les rencontres avec les locaux sont le plus beau cadeau que peut offrir un voyage, elles ont un quelque chose de spécial, un<br /> caractère plus naturel et authentique... Quant au peuple cambodgien, on ressent effectivement que la période Pol pot est encore très présente dans leur esprit... Chaudes bises du Cambodge et @<br /> bientôt!<br /> <br /> <br /> <br />

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