Le jour de Noël nous prenons la route pour Hô Chi Minh Ville (anciennement Saigon), notre chauffeur grille sciemment un feu rouge en faisant des appels de phares aux motos démarrant au feu vert, pour les inciter à s'arrêter et le laisser passer... Après 5h de route, nous arrivons à HCM, ville frénétique nichée dans la boucle de la rivière Saigon et sillonnée par des centaines de rivières et d'arroyos. Aussi indisciplinée qu'Hanoï, cette fourmilière géante compte plus de 5 millions de motos et il règne un vacarme perpétuel dans les rues... En sortant dîner, nous rencontrons un cambodgien de mère vietnamienne, qui a appris le créole réunionnais à Strasbourg... Nous échangeons quelques mots avec lui et il nous refile des adresses pour le Cambodge. Nous sommes effarés devant la taille de certains immeubles : 1,50m de large ! Des moitiés de vélo, avec comme guidon une grande caisse en bois remplie de CD posés sur une enceinte, déambulent en musique dans les rues. Il n'est pas toujours évident de se retrouver dans la ville : 120/6 Dong Dao signifie que l'adresse recherchée est située à la 6ème maison d'une ruelle perpendiculaire à Dong Dao, qui commence au niveau du 120 de la rue Dong Dao...
Nous partons en excursion sur le Delta du Mékong. Grenier à riz du Vietnam (2ème producteur mondial après la Thaïlande), c'est une immense plaine fertile traversée par les neufs bras du fleuve Mékong, à l'extrémité sud du pays, entre Hô Chi Minh, la frontière du Cambodge, la mer de Chine et le golfe du Siam. Prenant sa source des neiges du Tibet oriental, et irriguant la Chine, la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam et le Cambodge, le Mékong grouille de vie... Il transporte sur ses eaux une multitude de bateliers, pêcheurs et vendeurs de fruits et légumes. Le fleuve gouverne la vie des habitants, qui vivent à son rythme et à celui de la mer. Au mois de septembre, au plus fort de la crue, le Mékong sort de son lit et inonde les berges et rizières. Dans le delta, le trop plein d'eau ne parvient plus à se déverser dans la mer, il se produit alors un phénomène étrange : le courant du fleuve change de direction et inverse son cours habituel... Nous prenons un petit bateau pour aller visiter le marché flottant de Cai Be, sur chaque bateau que l'on croise on aperçoit une longue perche au bout de laquelle est accroché le fruit ou légume mis en vente. Nous faisons quelques haltes gastronomiques pour découvrir la fabrication et déguster des petits bonbons au coco, du thé au miel et des biscuits de riz soufflé; nous achetons de succulents bonbons à la banane cuite et caramélisée. Un boa essaie de se faire la malle lorsque des enfants ouvrent sa cage pour le toucher... Nous déjeunons dans un resto où un beau jardin renferme des buissons sculptés en forme de dragons, la serveuse prépare sous nos yeux des rouleaux de printemps. Nous enchainons ensuite par le village de Vinh Long, pays des fruits, grâce à une terre rendue riche par les alluvions. Après une visite du marché, nous laissons mes parents qui repartent pour la Thaïlande, puis nous prenons un bus pour Chau Doc, aux confins du Vietnam et du Cambodge, proche de la frontière; sur la route nous apercevons des panneaux de circulation représentant une voiture qui finit sa course dans le Mékong.
Depuis Mui Ne, nous remarquons que les gens du sud adorent les hamacs, il y en a partout, sur les terrasses des petits restos locaux il y a souvent plus de hamacs que de chaises. Sur la route nous croisons une moto avec un gros panier rempli d'oies vivantes de chaque côté du porte bagage, une autre moto avec un chargement impressionnant de boîtes d'oeufs dans le dos du conducteur (arrivant jusqu'à sa nuque) et entre ses jambes (allant jusqu'au niveau de sa poitrine)... Le lendemain matin nous visitons un village flottant aux alentours de Chau Doc, dans une petite barque à rames croisées qu'une femme à chapeau conique dirige debout. Certaines cases ont leur plancher posé sur une barque, d'autres ont comme flotteur des gros bidons en plastique, et les dernières, proches des berges, sont sur pilotis. Nous remarquons des antennes sur tous les toits des maisons flottantes, et même un réseau d'électricité improvisé avec des tiges de bambous plantées au fond du Mékong, en guise de poteaux... En contournant un jardin flottant et un étal de poissons séchant au soleil, nous entendons la chanson "Guantanamera" aux fins fonds de l'Asie... qui d'ailleurs nous poursuivra tout au long de notre périple. Sur la poutre d'une boutique sur pilotis, nous pouvons voir inscrit au marqueur le niveau des différentes crues passées, celle de l'an 2000 dépasse les 3 mètres... Ici les toilettes, c'est un simple trou dans le plancher, les locaux font leurs besoins directement dans l'eau... Pour gagner notre destination finale, nous empruntons deux bateaux et un bus, le service est de plus en plus pourri au fur et à mesure qu'on avance. Notre batelier, muni de ses baguettes, savoure son bol de légumes pendant qu'il pilote le bateau avec ses pieds... Après une pause déjeuner et quelques formalités on repart sans notre guide, sans savoir où on va et sans nos passeports, le conducteur nous répond "peut-être à la frontière !", alors qu'on a déjà passé le drapeau cambodgien sur une rive du Mékong.... Une fois la frontière passée et les visas tamponnés, nous rejoignons un mini bus que le chauffeur met trois plombes à remplir de nos bagages. Tout penaud, il réalise que son mini bus est trop petit pour transporter tous les voyageurs et leurs sacs, ce qui ne l'empêche pas d'y rajouter quelques sacs de riz au passage... Il appelle alors une autre voiture à la rescousse pour venir récupérer le trop plein, nous partons enfin au bout de trois quarts d'heure. Malgré cette longue journée de transport et cette arrivée un peu folklo, nous ne sommes pas mécontentes d'être au Cambodge... Nous avions besoin de changer d'air pour la nouvelle année, et quitter le Vietnam qui n'est pas franchement notre tasse de thé... Xin chao tam biêt Vietnam ! Et très belle année 2012 à tous =)